Doom

Si aujourd'hui on utilise le terme FPS pour désigner les jeux de tir à la première personne on a longtemps employé l'expression Doom-like en référence au pionnier incontestable du genre : Doom.

Doom est le titre qui a donné ses lettres de noblesse au genre FPS, aujourd'hui sur-représenté et utilisé à toute les sauces, et malgré les polémiques qu'il a entraîné à sa sortie comme aujourd'hui il est considéré par tout les amateurs comme l'une des pierre angulaire du milieu du jeu vidéo.

Souvent nommé dans les plus grands jeux de tout les temps, son influence dépasse le milieu du jeu vidéo et est maintenant ancrée dans la culture populaire moderne.

Historique

Quand on parle de Doom deux noms reviennent très souvent sur la table : John Carmack et John Romero. Ces 2 game designers se sont rencontrés au début des années 90 dans les studios de Softdisk. Ils seront ensuite recrutés par la société Apogee Software et participeront au développement de jeux comme Commander Keen ou l'autre pionnier du FPS, Wolfenstein 3D. Le succès de ce dernier poussera Carmack et Romero a fonder leur propre société : Id Software.

En 1992 John Carmack commence à travailler sur un nouveau moteur de jeu 3D qui sera appelé le Doom Engine. A cette époque les films de science fiction/horreur comme Alien ou Terminator cartonnent au cinéma et inspireront les game designers d'Id Software pour créer l'univers de leur jeu. 

Le "Doom-guy" est gaucher

A l'origine le jeu se voulait un peu plus complexe que ce qu'on lui connait : le scénario devait être plus chiadé, de nombreux PNJ devaient habiter les différents niveaux qui eux mêmes devaient proposer des énigmes plus ou moins complexes. Ces idées proposées par le développeur Tom Hall allaient en contradiction avec l'idée que se faisait John Carmack du jeu, ceci déboucha sur la démission de Hall des équipes d'Id Software.

La, ça sent le gaz...

Le jeu fut mis à disposition sur Internet le 10 décembre 1993 en libre téléchargement. Ce jour est appelé le "Doomsday", le jugement dernier, au vue des conséquences qu'aura le jeu sur la baisse de productivité des entreprises et universités américaines durant l'année 1994, les employés et étudiants n’hésitant pas à installer le jeu sur leur matériel professionnel ou scolaire. Un outil fut même développé pour détecter et supprimer les copies du jeu installées dans les entreprises et éviter les joueurs "clandestins" de réquisitionner la bande passante pour jouer en ligne.

3 ans après sa sortie on dénombre 30 millions de joueurs, ce qui en fait encore aujourd'hui l'un des jeux PC les plus populaires de tout les temps. Les équipes d'Id Software ont encouragé la diffusion "sauvage" de cet épisode et vont commercialiser uniquement les suites du jeu et ce sans passer par des intermédiaires, ce qui va générer des bénéfices records dans le milieu du jeu vidéo de près de 85% du chiffre d'affaires.

Une autre facette du jeu qui a grandement participé au succès de Doom est le modding : chaque joueur pouvait développer ses propres textures, créer ses propres niveaux et même modifier le code du jeu afin de le faire évoluer.

La sulfateuse, meilleure amie de l'homme seul sur Mars

Si le jeu est acclamé par la critique spécialisée et les joueurs il est l'un des premiers à être vivement prit pour cible par les médias généralistes ou les politiques. Malgré cela en 1996 le jeu est choisi par l'armée américaine pour développer la réactivité de ses soldats.

La polémique sur Doom est malheureusement souvent relancée lorsqu'un massacre est commis aux Etats-Unis, l'un des meurtriers du lycée de Columbine étant un fan du jeu.

Malgré les polémiques tous ou presque s'accordent à dire que Doom a révolutionné le monde du jeu vidéo, le site GameSpy l'ayant même élu meilleur jeu de tous les temps.

Background

Le joueur incarne un Space Marine dont le nom est inconnu, il est souvent appelé le "Doom Guy". Ce dernier a été condamné à l'exil sur la planète Mars après avoir attaqué un supérieur qui lui avait donné l'ordre de tirer sur des civils non armés. La peine du soldat est de travailler pour l'UAC, une puissante corporation scientifico-militaire, dans une usine de retraitement de déchets radioactifs.

La société UAC travaille notamment sur la téléportation qu'elle expérimente sur les 2 lunes de Mars, Phobos et Deimos. Mais un jour l'une des expériences tourna mal et un portail dimensionnel s'ouvrit reliant notre monde à l'Enfer. Des créatures démoniaques en surgirent ravageant tout sur leur passage.

L'UAC envoie alors une équipe de sauvetage dont le "Doom Guy" chargé de surveiller les alentours pendant que les autres pénètrent dans la base de Phobos. Mais au bout de quelques heures, l'équipe de sauvetage ne répond pas et des cris se font entendre à l'intérieur du complexe, notre héros décide alors de pénétrer seul dans le bâtiment à leur secours.

Graphismes

Les graphismes de Doom ont été supervisés par Adrian Carmack. La plupart des textures murales ont été au préalable dessinées ou peintes puis photographiées et numérisées. L'univers est sombre et oppressant, les décors allant de la base futuriste désaffectée au limbes de l'Enfer.

Y'a de la surface mais la déco n'est pas mortelle...

Le Doom Engine possède de nombreuses fonctionnalités inédites par rapport à son prédécesseur utilisé sur Wolfenstein 3D, et même si elles paraissent aujourd'hui risibles elles étaient véritablement révolutionnaires à la sortie du soft :

• Des textures sont présentes sur chaque mur, sol ou plafond
• La hauteur des pièces peut varier
• Les angles des murs ne sont pas obligatoirement perpendiculaires
• Le déplacement du personnage est accompagné d'un ballottement de l'arme
• La luminosité est variable, ce qui permet de jouer avec les ombres et lumières

Pour le chara-design c'est à peu près la même chose, les différents monstres ont été sculptés avant d'être numérisés. Les ennemis sont très effrayants, les boss vraiment impressionnants et  sont encore aujourd'hui parmi les plus effroyables de l'histoire des jeux vidéos.

Le Cyberdemon, l'un des boss de Doom

Musique et sons

La bande son de Doom fut gérée par Robert Prince. La musique du jeu est orientée heavy metal, ce qui colle parfaitement avec son ambiance infernale et chaotique. 

Ci-dessous le thème original légendaire de Doom :

Au delà de la musique le jeu est rempli d'effets sonores; que ce soit les armes, les portes ou les ennemis, chaque action entraîne un son.

Doom est d'ailleurs le premier jeu à utiliser la stéréo pour localiser l'origine d'un bruit au niveau de son emplacement et de sa distance, ce qui permet de repérer les ennemis ou les zones secrètes.

Gameplay

Comme dans tout bon FPS le joueur évolue à la première personne dans un environnement 3D. Si cela peut paraître aujourd'hui indispensable il était impossible de sauter dans Doom, le passage à une zone de niveau supérieur se faisait soit par le biais d'un escalier, d'un ascenseur voir parfois d'une zone de téléportation.

Il est aussi impossible de déplacer le regard du personnage dans l'axe vertical (de haut en bas), cependant si un ennemi se trouve à un niveau supérieur ou inférieur de celui du héros les coups l'atteigneront tout de même sous la seule condition qu'il soit dans sa ligne de mire horizontale.

Au fil des niveaux le joueur va se concocter un arsenal impressionnant allant du pistolet 9mm à la mitrailleuse rotative, du fusil à pompe au lance-roquette ou encore à l'arme ultime du jeu, le BFG 9000 (Big Fucking Gun).

Le BFG 9000 et ses dégâts dévastateurs

Pour progresser dans les niveaux le joueur devra souvent collecter des clés de différentes couleurs pour ouvrir certaines portes. Le jeu contient aussi de nombreuses zones cachées contenant des armes ou des bonus d'armure ou de vie.

Doom est aussi l'un des premiers jeux à proposer un mode multijoueur en réseau, que ce soit en coopération ou en versus. C'est d'ailleurs avec Doom qu'est né le terme "Deathmatch" aujourd'hui incontournable des FPS multijoueurs modernes.

Conclusion

De nos jours le FPS est certainement le genre de jeu vidéo le plus populaire et le plus rentable, comme en témoignent les grosses productions que sont Battlefield ou Call of Duty. Ces blockbusters grand public qui battent des records de vente doivent tous leur salut à Doom, le jeu qui a démocratisé le genre.

Mais pour ma part et malgré ses 20 ans d'âge Doom possède bien plus de charme et de liberté que ses petits enfants, et son univers glauque et angoissant reste unique et ne se retrouve dans un aucun jeu récent, même quand il s'agit d'une suite officielle de la licence... Alors croisons les doigts pour Doom 4.

Et pour toi jeune collégien belliqueux qui souhaite faire l'amour aux mamans de tes adversaires sur "Colof", toi qui néglige ton acné en passant des heures en multi sur BF3, si tu ne connais pas Doom alors tu mérites la même peine que son protagoniste !