lundi 7 janvier 2013

Shadow of the Colossus


Dans l'éternel débat pour savoir si le jeu vidéo est une discipline artistique, un titre revient à tous les coups dans les arguments de la défense : Shadow of the Colossus.

Et c'est à juste titre, ce jeu est un véritable chef d'oeuvre. Il a enchanté la presse et la communauté des joueurs pour la beauté de ses graphismes, l'originalité de son gameplay et son univers mystérieux et poétique.


Historique

Shadow of the Colossus a été développé par la Team Ico, une équipe de développement rattachée aux studios japonais de Sony.

La Team Ico tient son nom du premier jeu qu'elle a développé, Ico, sorti en 2001.  Dans ce jeu on dénote déjà le coup de patte de l'équipe de développement de par son gameplay novateur, ses graphismes épurés et son univers immersif et onirique.

Ico est un jeune garçon qui possède une particularité physique hors du commun : il possède 2 cornes sur le haut du crâne. Cette différence fera de lui un paria et il sera rejeté par les villageois qui décideront de l'enfermer dans une forteresse abandonnée. C'est dans ce lieu qu'il fera la rencontre d'une jeune fille tout de blanc vêtue, Yorda, qui l'accompagnera dans son périple afin de s'échapper de sa prison.
Ico tenant la main de Yorda
Malgré un accueil unanimement élogieux de la part de la presse spécialisée le succès n'est pas au rendez vous, il s’écoulera à peine plus de 500 000 exemplaires. 

Malgré tout la Team Ico n'est pas découragée pour autant et commence dès 2001 à travailler sur un nouveau projet qui aura pour nom de code NICO (Next Ico). A l'origine de ce projet on retrouve Fumito Ueda, le leader de la Team Ico, qui souhaite développer un jeu autour d'un concept de plateformes mobiles. 

Cependant Sony ayant réquisitionné de nombreux développeurs de l'équipe sur d'autres projets, la Team Ico se retrouve décimée et Ueda décide de recruter de nouvelles têtes en passant une annonce dans le plus populaire magazine de jeux vidéos du Japon : Famitsu. Cette méthode de recherche est un succès puisque Ueda auditionnera près de 500 candidats.

Le projet démarre réellement en 2002 avec une équipe de 35 développeurs. Ueda, en leader perfectionniste, porte l'accent sur la physique du jeu. Le concept central du jeu étant d'affronter des colosses imposants, Ueda tenait à ce que leurs déplacements soient fluides et réalistes et à ce que ces déplacements aient un impact logique sur la stabilité du héros lorsqu'il grimpe dessus.
Les colosses sont tous plus impressionnants
les uns que les autres 
Le développement du jeu durera environ 3 ans, et après de nombreuses présentations alléchantes dans différents rassemblements spécialisés, le jeu sortira au Japon en 2005. 

Contrairement à Ico, Sony va financer une campagne publicitaire importante autour de Shadow of the Colossus

Cette fois c'est un succès indiscutable autant critique que commercial, au Japon le jeu s'écoule à près de 150 000 exemplaires pour sa première semaine (80% du stock de jeu s'est vendu en 2 jours), ce qui l'amène au top des ventes. 

 La totalité des médias spécialisés attribueront à Shadow of the Colossus des notes frôlant la perfection, qui sera de plus récompensé de nombreux prix dont celui de jeu de l'année par le Game Developpers Choice Awards 2006.

Sortie sur la fin de vie de la Playstation 2Shadow of the Colossus connaîtra une réédition sur la PS3, un film serait même en projet dans les tiroirs d'Hollywood.


Background

Le jeu démarre sur une cinématique où l'on peut voir un jeune homme, Wander, chevaucher un cheval et transporter ce qui semble être un corps enroulé dans un linceul de tissu.

Wander traverse un pont qui semble interminable afin de rejoindre un sanctuaire, point central d'une vaste région à première vue inhabitée. Une fois arrivé à l'intérieur du temple, Wander dépose le corps qui s'avère être celui d'une jeune femme sans vie.

C'est alors que de mystérieuses ombres à formes humaines émanent du sol, menaçant de s'attaquer à Wander. Celui-ci dégaine son épée rutilante ce qui a pour effet de faire disparaître ces sombres créatures vaporeuses.

Une voix se fait alors entendre, il s'agit de la voix d'une puissante entité aujourd'hui désincarnée appelée Dormin. Wander demande à Dormin de ressusciter la femme qu'il aime, ce dernier lui explique que cela ne sera possible qu'une fois les 16 idoles du temple détruites.

Ces idoles représentent chacune un colosse vivant quelque part dans la région, et le seul moyen de détruire ces idoles est de détruire le colosse qui lui est associé.

Dormin alerte Wander en lui disant que tuer les colosses ne sera pas le seul prix à payer pour redonner la vie à cette jeune femme, mais malgré les conseils de la voix notre héros entame son chemin dans les plaines, monté sur son cheval Agro, à la recherche du premier géant de pierre à affronter.


Graphismes

Comme dit un peu plus haut ce jeu est sorti sur Playstation 2 en 2005, soit 5 ans après la sortie de la console et quelques mois avant l'arrivée des machines de 7ème génération. 

Malgré cela Shadow of the Colossus repousse les limites graphiques de la console, nous offrant un univers visuel encore jamais vu sur cette plateforme. Si on peut relever quelques petits lags ou bugs de collision, rien ne peut entamer l'émerveillement du joueur qui chevauche dans l'immensité de ces terres sacrées.
Les jeux de lumières sont somptueux pour un jeu PS2
Le chara-design est lui aussi très travaillé, aucun colosse ne se ressemble. Certains sont bipèdes, d'autres quadripèdes, certains vivent sous l'eau, d'autres possèdent des ailes, etc...
Certains colosses des plus vindicatifs
sont même armés !
Pour une immersion encore plus poussé et un isolement plus appuyé du protagoniste le HUD est à son minimum, celui-ci n'étant affiché que lorsque Wander dégaine ses armes ou escalade rochers ou colosses. 

Tout est là pour faire de Shadow of the Colossus une oeuvre  visuelle incontestable.


Musiques et sons

La bande son composée par Kow Otani est à la hauteur de ce chef d'oeuvre. Entièrement orchestrée, on passe des mélodies apaisantes lors des séquences émotions aux compositions épiques que peuvent évoquer les combats colossaux.

Cependant la musique n'est pas omniprésente dans le jeu, afin de renforcer le sentiment de solitude du héros aucune musique ne se fera entendre lors des longues chevauchées à travers les terres sacrées, celles-ci se démarreront à l'approche d'un colosse.

Un petit extrait de la bande son de Shadow of the Colossus, qui fera l'objet d'un CD sorti uniquement au Japon :



Gameplay

Le but final de Shadow of the Colossus est donc de terrasser 16 colosses, et pour ce faire Wander aura à sa disposition son fidèle destrier Agro, son épée, son arc et... c'est tout !

Dans ce jeu pas d'inventaire, vous ne rencontrerez aucun PNJ ni même aucun animal (sauf quelques lézards, voir plus bas) et en dehors des colosses vous n'affronterez pas d'ennemis.

Sur les terres interdites vous ne croiserez aucun village, ne tomberez sur aucun coffre à trésor ou quoi que ce soit, rien ! Les seuls bâtiments de la région sont le sanctuaire central dans lequel vous commencez votre quête et plusieurs temples ou tombeaux abandonnés. La carte est très vaste, et votre canasson ne sera pas de trop pour vous aider à l'arpenter.

L'interface est on-ne-peut plus épurée : Une barre de vie, une icône affichant l'arme sélectionnée et une jauge ronde utilisée pour la durée des "grips" et pour jauger la puissance des coups d'épée ou des tirs à l'arc.
Rassurez-vous, tous les colosses n'ont
pas cet air benêt...
Les seules améliorations possibles sur le héros seront l'augmentation de sa barre de vie et l'augmentation de la durée maximale de grip. En effet les seuls "objets" que vous pourrez trouver durant votre périple seront des fruits, ceux-ci allongeront la barre de vie de Wander, et les seuls animaux seront des lézards qui une fois chassés laisseront derrière eux leur queue blanche, celle-ci augmentera la jauge de maintien.

Les seuls adversaires de Wander seront donc les 16 colosses, et pour les retrouver dans cette vaste région son épée s'avère très utile : dès qu'il la brandit vers le soleil, un rayon lumineux lui indique la direction à prendre pour trouver le prochain colosse à affronter.

Pour terrasser ces imposants colosses, parfois haut de plusieurs dizaines de mètres, Wander devra le plus souvent leur grimper dessus et trouver leurs points faibles toujours grâce au rayon lumineux que produit son épée. En général les colosses possèdent plusieurs points faibles qui vont se révéler les uns après les autres, ce qui obligera Wander à se déplacer le long du corps des colosses, ceci vous promettant de belles acrobaties sans filets.

Conclusion

Remercions la Team Ico qui au fil de ses oeuvres place plus que jamais le jeu vidéo au même niveau que toute autre discipline artistique. 

Malgré les évolutions techniques des machines actuelles peu de jeux peuvent se targuer de faire voyager le joueur dans un univers si pur et poétique, de le laisser rêveur lors de longues chevauchées à travers les plaines et de l'immerger dans des combats héroïques.

Shadow of the Colossus ne se joue pas, il se vit.


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