Si je ne devais citer qu'un seul jeu pour son scénar' et son ambiance ce serait sans aucun doute celui-ci.
En 2007, à l'heure ou les FPS s’enchaînent et se ressemblent plus que jamais, recyclant inlassablement le même gameplay, les mêmes scénarios fadasses et parfois la même propagande douteuse, Bioshock s'entrevoit comme une lueur de renouveau sur ce style de jeu surexploité par l'industrie du jeu vidéo.
Les développeurs de 2K Games nous offrent ici un univers unique inspiré d'oeuvres phares de la littérature dystopique et du cinéma d'anticipation. Un univers dans lequel se déroule un scénario fouillé et adulte capable de toucher jusqu'à l'éthique et la morale du joueur.
Historique
SHODAN, l'IA maléfique de System Shock |
Bioshock est considéré pour beaucoup et à juste titre comme la suite "spirituelle" des System Shock, notamment pour la richesse de son univers mais surtout pour son gameplay : Un personnage seul assisté uniquement par contact radio, la possibilité de pirater des objets ou des tourelles de sécurité, l'amélioration des armes etc.
Au début de son développement, le scénario de Bioshock devait être radicalement différent de celui que nous connaissons aujourd'hui. Le joueur devait incarner un redresseur de pensée, une personne capable de guérir les gens enclins à des comportements définis comme déviant par la société actuelle tels que l’homosexualité ou l'appartenance à certaines sectes. Peut être est-ce la prise de position politique forte de ce scénario original qui a fait virer de bord Ken Levine et ses acolytes.
Pour ce qui est du scénario final du jeu, Ken Levine dit s'être beaucoup inspiré d'auteurs comme Ayn Rand ou George Orwell et son cultissime 1984.
Background
L'histoire se déroule en 1960. Le joueur incarne Jack, personnage à première vue sans histoire, traversant l'atlantique en avion afin de rendre visite à sa famille. Subitement l'avion prend feu puis s'écrase dans l'océan. Jack réussi tant bien que mal à rejoindre la surface parmi les débris en flamme et semble être le seul rescapé de l'accident. Après quelques mètres de brasse au milieu des décombres, Jack aperçoit un imposant phare et décide de s'y réfugier.
Première vision de Rapture, bien loin de sa réalité... |
Ce phare est en fait un point d'accès vers une ville sous-marine nommée Rapture, une cité fondée il y a une quinzaine d'années par une poignée d'hommes lassés des modèles gouvernementaux et religieux actuels, et animé par un idéal de société basée sur le capitalisme et le libre arbitre.
Cette ville, dont le principal fondateur se nomme Andrew Ryan, fût le refuge d'artistes brimés par la censure, de scientifiques freinés par l'éthique ou de philosophes muselés par les religions.
Les scientifiques de Rapture vont profiter inopinément de la position sous marine de la ville pour découvrir l'Adam, le nom donné à une substance produite par une espèce rare de limace de mer. L'Adam permet de modifier le code génétique d'une personne, permettant l'amélioration de ses capacités et octroyant des pouvoirs surhumains. Cependant cette substance n'a pas que des côtés bénéfiques sur le corps humain, elle provoque un état de forte dépendance et cause d'irréversibles dommages physiques et mentaux.
Ni dieux ni rois. Juste l'homme. |
Malgré toutes ces bonnes intentions la cité de rêve qu'est Rapture va rapidement se transformer en cauchemar. Le modèle capitaliste de la cité génère des écarts de plus en plus importants entre les riches et les pauvres, ce qui va amener ses derniers à se révolter. Le paroxysme de cette rébellion surgira environ un an avant l'arrivée de Jack à Rapture, la classe ouvrière et son leader Atlas vont déclencher une immense émeute dans les quartiers aisés le jour du nouvel an 1959, date qui restera comme le début de la guerre civile entre Atlas et Ryan. Depuis ce jour l'anarchie règne à Rapture, la quasi-totalité de la population saine se suicida ou fut assassiné par les chrosômes, des hommes ou femmes génétiquement modifiés devenus accros à l'Adam et ayant sombré dans la folie.
Jack débarque donc à Rapture dans ce contexte, les chrôsomes hantent les rues à la recherche des Petites Sœurs, des fillettes hôtes de limace de mer produisant de très grandes quantités d'Adam souvent accompagnées d'un protecteur.
Une petite sœur accompagnée de son protecteur |
Difficile d'être exhaustif quand on se lance sur le scénario d'un jeu pareil, le mieux c'est encore d'y jouer !
Graphismes
Le jeu a été développé sur un moteur 3D Unreal Engine modifié, notamment pour améliorer le rendu de l'eau qui, pour l'époque et encore aujourd'hui, est magnifique. Les décors de Rapture style année 50 sont superbes du début à la fin et participent pleinement à l'immersion dans cet univers. Les jeux d'ombres et de lumières sont maîtrisés à la perfection ce qui donne parfois un petit côté survival horror au jeu.
Le design des armes et de leurs améliorations donne aux graphismes un petit côté steampunk, qu'on peut retrouver aussi dans certains objets comme les tourelles défensives.
Le lance-flamme, une arme qu'elle est bien. |
Enfin le chara-désign est aussi splendide qu'effrayant, si vous avez la chance d'approcher un chrôsome de très près vous pourrez admirer le soin du détail des graphistes.
Beaucoup de chrôsomes portent des masques |
Musique et sons
La bande son est impeccable. Les musiques d'époque se fondent parfaitement dans l'univers de Rapture.
L'ambiance sonore est vraiment haletante, que ce soit les hurlements ou les dialogues dégénérés des chrôsomes souvent très bavards, les chansonnettes des petites soeurs accompagnés des pas lourds de leur protecteur ou les nombreux enregistrements audio trouvés tout au long du jeu.
Mention spéciale à la très bonne VF !
Gameplay
Si la grande force de Bioshock est sans conteste son univers et son ambiance, le gameplay est loin d'être en reste.
Tout cela réside dans la combinaison des armes et des plasmides. En effet notre cher Jack trouvera tout au long de son périple une panoplie d'armes différentes allant du simple pistolet jusqu'au lance-grenade, en passant par l'arbalète ou la mitraillette. Mais Jack découvrira assez vite à Rapture l'existence des plasmides, des sérums conçus à partir de l'Adam afin d'octroyer des pouvoirs surnaturels. Au niveau gameplay les plasmides sont des sorts tels que l’incinération, l’électrocution ou la télékinésie, et comme dans la plupart des jeux les sorts consomment une barre d'énergie souvent appelée barre de mana, mais appelée Eve dans Bioshock.
Le premier plasmide trouvé dans le jeu est l'électrocution |
Les plasmides ne pouvant être stockées qu'en nombre relativement limité ceux-ci devront être choisis avec stratégie en fonction de leur utilité et de votre avancement dans le jeu. Cependant le joueur aura la possibilité de modifier sa sélection de plasmides en utilisant une borne adaptée. L'utilisation des plasmides est assez gourmand en Eve, il faudra donc les utiliser avec parcimonie. Ceci est aussi valable avec les munitions des armes standards.
La télékinésie rappelle ce bon vieux Gravity Gun de Half-Life 2 |
Le combo arme/plasmide va permettre d'utiliser un nombre important d’enchaînements, exemple : l'électrocution peut paralyser vos cibles et vous permettra de les finir avec un bon coup de fusil à pompe à bout portant.
Cette combinaison va aussi permettre de varier le gameplay : les gros bourrins adopteront un combo télékinésie/lance-grenade pour un max de dégâts, alors que les adeptes de l'infiltration y préféreront utiliser le leurre et l'arbalète pour éliminer les ennemis en toute discrétion.
L'achat de nouveaux plasmides ou d'amélioration nécessitant de l'Adam le joueur devra en récolter afin de faire évoluer ses pouvoirs. Or les seules personnes possédant de l'Adam dans Rapture sont les petites soeurs. Le joueur sera donc vite confronté à un choix moral fort : sacrifier les petites soeurs pour récupérer un max d'Adam, ou les libérer pour en récolter une quantité moindre. Dans les 2 cas le joueur devra de toute façon affronter les redoutables protecteurs.
Hmm... je te récolte ou je te sauve ?!? |
Conclusion
Dans l'océan morne des FPS modernes, Bioshock se révèle être une perle brute. Son univers unique a marqué à vie mon expérience personnelle de gamer invétéré. Au-delà d'un jeu, une oeuvre d'art à classer au même rang que le Brazil de Terry Gilliam ou La révolte d'Atlas d'Ayn Rand. Unique !
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